Travailleuses du sexe : l’impact de la pandémie en Suisse

Travailleuse du sexe dans une chambre

La crise du Covid n’a épargné aucun secteur, et encore moins tous ceux qui sont au service de la clientèle. Les couvre-feux ont cependant particulièrement mis à mal un secteur spécifique dans la plupart des pays du monde : le sexe. Oubliées, mises de côté et stigmatisées, les travailleuses du sexe ont dû s’accommoder de faibles revenus, parfois même inexistants. Compte tenu du caractère criminel de leur activité, les aides gouvernementales n’ont pas pu être appliquées. En Suisse, de nombreux cantons comme Berne, Vaud ou Genève ont décidé de légaliser la prostitution en 1992. Un pas en avant pour toutes ces femmes qui tentent encore de se faire une place dans la société.

Les conséquences du Covid-19 pour les travailleuses du sexe

Alors que le monde entier tentait de mettre fin à une crise sanitaire sans précédent, la population s’efforçait, elle, de se maintenir à flot. Travail suspendu, baisse des revenus, enfermement, gestion des enfants à la maison… Les couvre-feux ont bouleversé la vie quotidienne des foyers du monde entier. Si le temps de confinement a été salvateur pour certains d’entre nous, il a paru, pour d’autres, terriblement long.

Ce fut le cas pour les travailleuses du sexe, exerçant une activité particulièrement controversée. Vendre son corps, tel est le choix de Caroline, Lise et Sylvie, qui ne s’attendaient pas à vivre une telle situation lorsqu’elles ont décidé d’exercer ce métier, il y a quelques années. Les couvre-feux ne leur ont pas permis de travailler normalement et ont, ainsi, dû supporter une baisse de salaire considérable : « Je sais que la situation sanitaire est grave, mais nous devons payer notre loyer ! », déclarait alors Caroline en 2020. Pour pouvoir subvenir à leurs besoins, de nombreuses travailleuses du sexe se sont rendues dans les cantons de Berne ou de Vaud qui n’ont pas interdit ce type d’activités pendant le confinement.

Dans de nombreux pays du monde, la prostitution n’est pas une activité légale. Ainsi, les travailleuses du sexe, dans leur grande majorité, n’ont pas pu accéder aux aides gouvernementales dont les autres citoyens ont pu bénéficier. Une double souffrance pour ces femmes déjà largement stigmatisées. Dans certains pays, comme la Suisse, la prostitution est légalisée depuis 1992. Une position qui facilite l’activité de ces femmes et qui leur permet d’exercer dans des conditions de sécurité supérieures.

La législation suisse en matière de prostitution

En Suisse, la prostitution est autorisée depuis 1992. On peut désormais faire appel, en toute légalité, à des escorts girls à Genève. Le travail du sexe relève donc d’une véritable industrie, réglementée et encadrée par la loi. Pour pouvoir exercer ce métier sur le territoire suisse, les femmes doivent simplement posséder un permis de travail C et être majeures. Aux yeux de la loi, la prostitution est considérée comme une activité lucrative.

C’est à ce titre, donc, que tous les habitants peuvent exercer librement cette activité. Cette dernière étant légalisée, les travailleuses du sexe doivent s’acquitter, comme les autres citoyens, des mêmes obligations fiscales et administratives. Elles ont ainsi des obligations (paiement des impôts et des charges sociales) et des droits (comme l’assurance maladie). La légalisation de la prostitution en Suisse permet également de renforcer la protection des travailleuses. En effet, les autorités n’empêchent en aucun cas les femmes d’exercer leur métier et doivent assurer leur sécurité. Elles peuvent ainsi exercer librement et en toute sérénité leur activité, dans les rues ou à domicile.

Depuis le 1er janvier 2007, la Suisse ouvre également ses portes aux travailleuses du sexe ressortissantes des 25 États membres de l’Union européenne et de l’AELE (association européenne de libre-échange). Ainsi, tous les citoyens et citoyennes résidant en Allemagne, Portugal, Autriche, Chypre, Suède, Belgique, France, Luxembourg, Irlande, Malte, Italie, Danemark, Grèce, Finlande, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni peuvent venir se prostituer en Suisse. Ils n’ont cependant droit d’exercer que pendant trois ans, durée qu’ils ont la possibilité de prolonger grâce à l’obtention d’un permis L ou B.

Malgré la légalisation de la prostitution, les travailleuses du sexe ont eu bien du mal à supporter les confinements successifs. Les services sexuels ont été les premiers à se voir suspendus dans le cadre des mesures de lutte contre le coronavirus. Une véritable souffrance pour tous ces citoyens, en majorité des femmes, qui se sont adaptées comme ils le pouvaient durant ces deux dernières années. Une période qui a également permis de mettre en lumière les disparités entre les cantons. En effet, outre les décisions chaotiques de déconfinement, les travailleuses du sexe déplorent encore leur image. Tantôt fauteurs de troubles, tantôt victimes de conditions déplorables, elles attendent, aujourd’hui encore, de bénéficier du plein soutien de la Suisse.

Lausanne : les élus demandent l’ouverture d’une maison close

En Suisse, à Lausanne, les élus demandaient en 2020 l’ouverture d’une maison close pour mieux encadrer et protéger les activités de prostitution. Un appel qui survient en pleine pandémie pour répondre à l’urgence de la situation. Sans revenus, les travailleuses du sexe se sont retrouvées dans des situations économiques très compliquées. Les élus étaient alors dans la crainte que ces femmes soient victimes de maltraitance et de maladies en passant par des activités clandestines.

Petit à petit, les zones de racolage se sont vues diminuer. La cohabitation entre les résidents et les travailleuses du sexe est devenue litigieuse. Le 15 avril 2018, à Lausanne, la zone dans laquelle ces dernières avaient le droit d’exercer est ainsi passé de 1700 mètres à 700 mètres. Ceci dans le but de les éloigner un peu plus des résidents. Une perte de clientèle manifeste qui n’a fait que s’aggraver avec la crise du Covid-19.

La maison close serait donc un bon moyen, pour un pays ayant légalisé la prostitution comme la Suisse, pour encadrer l’activité, mais également pour lui permettre d’exister dans un espace qui lui serait dédié. Le sujet reste malgré tout très discuté et suscite de nombreux débats. Une association, chargée de protéger et de défendre les travailleuses du sexe, a déclaré que « le modèle abolitionniste ne met fin ni à l’offre ni à la demande de services sexuels ». Il rend, selon elle, les travailleurs du sexe plus vulnérables. À ce jour, la mise en place d’une maison close n’est pas encore confirmée.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*